Messager de la famille Keel

Après avoir été introduit auprès de la Comtesse, le messager s'avança, légèrement embêté. Une goutte perla doucement sur sa tempe. Il avait chaud. De plus en plus chaud. Il n'était pas à l'aise en ce château.

Bonjour Votre... Grâce. Petit moment d'hésitation. Il ne savait pas vraiment l'appellation qui allait avec le titre.

Merci pour cet accueil en votre magnifique château. Un peu de flatterie ne faisait pas de mal. Et puis si le message ne présageait rien de bon, il aurait au moins mis un peu de pommade pour apaiser ce qu'il y aurait à apaiser en cas de colère de la Comtesse.

J'ai un message de la part de Klovis de Keel, pour le Comte de Ponthieu. Monseigneur de Keel m'a demandé de lui remettre en main propre et d'attendre la réponse en retour.

Là, il commençait à transpirer à grosses gouttes. Junior ne semblait pas là. Que devrait-il alors faire ?...

Euuh... hm hm... votre époux n'est pas là ?! Son dernier espoir.

La porte de s'ouvrir, et Michel d'annoncer :

Messire Klovis de Keel Madame

Se faisant, Klovis pénétra dans la pièce où siégeait déjà Mali, derrière un bureau. Il fit quelques pas puis balaya la pièce des yeux, à la recherche de quelque chose. Ou de quelqu'un.

Bonjour Votre Grandeur. Salut de rigueur et inclinaison du buste. Il s'agirait de ne pas la mettre dans de mauvaises dispositions.

Comment vous portez-vous ? Félicitations. J'ai appris pour vous accouchement. Et comment se porte Ju... Le jeune homme se retint de justesse. Comment se porte votre époux ?

Une fois les formalités terminées, le matelot revint à la raison de sa venue ici.

Je ne vois pas mon messager. Vous avez déjà du lui donner votre réponse. Peut-être accepteriez-vous de m'en faire part de vive voix ?

Evidemment, il allait faire sa demande directement. Niria le méritait, et au moins mille fois !!!
C’était surtout pour savoir s’il était utile qu’il tente de décrypter son visage, afin de voir quel semblait être son sentiment face à tout ceci. Ce devait être une telle surprise pour elle. Enfin, ce pouvait être ce que le calaisien pensait.

Il s’assit donc et écouta, balaya d’un revers de la main son couplet sur Junior. Après tout, il se prénommait Luzifer Junior, d’après ce qu’il en savait. Mais soit, le message était passé.

Ma requête ne recèlera plus d’aucune surprise, puisque vous en avez déjà entendu la teneur. Néanmoins, la surprise n’étant pas l’objet de ma venue, je m’en vais vous en faire part de vive voix.

Comme vous l’avez appris, oui, il aimait à se figurer que sa relation avec Nini était secrète et bien cachée…, des sentiments m’animent à l’attention de Niria. Ils m’habitent même. Nuit et jour.
Nous avons appris à nous connaître petit à petit, et ce que j’en ai découvert m’a intéressé, puis charmé, et me rempli maintenant d’émotions continuellement, rien que d’y penser.

Se disant, il s’était levé, sans s’en rendre compte. Il se tenait maintenant debout face à Mali. Il n’avait d’ailleurs toujours pas remarqué qu’il avait bougé, tant il était passionné par son discours.

Ainsi, comme il est de coutume, j’aimerai obtenir votre permission de pouvoir courtiser la tante de votre époux, et donc votre belle-tante si je ne m’abuse.

J’ose espérer qu’une telle demande ne vous paraisse pas trop triviale et que le temps passé à commencer à nous découvrir l’un l’autre ne vous semble pas trop rapide pour une telle demande. Il me peinerait de devoir attendre plus longtemps afin d’entreprendre plus amples démarches à son encontre face à une réponse négative de votre part à ma requête.

Je suis donc suspendu à vos lèvres dans l’attente dévorante d’une réponse positive.

Klovis regardait maintenant Mali avec attention, et semblait enfin s’être rendu compte qu’il se tenait debout. Il fit alors un pas en arrière et se rassit, attendant la sentence.

Alors qu’il guettait impatiemment une réponse de Mali, Klovis vit Michel entrer dans le bureau, dire quelques mots à Mali en lui tendant un message, que cette dernière lu avant de s’en aller, comme ça, sans rien lui dire, ni même lui adresser un regard. Le calaisien était là, comme deux ronds de flancs, les yeux grands comme des soucoupes, seul avec le majordome.

Ne sachant que faire, le matelot regarda Michel, dans l’attente d’un signe quelconque lui indiquant ce qu’il s’était passé, ou ce qu’il devait faire. Mais l’impassibilité du majordome ne lui permis de ne rien apprendre sur la situation. Il attendit donc là, patiemment. Aussi patiemment qu’il le pu en tout cas.

Si bien que lorsque Junior entra dans le bureau, Klo était en train d’étudier tous les bibelots qui s’y trouvaient, faisant parfois courir ses doigts sur les reliures des livres, les bords des coupelles ou le bois du mobilier.

L’arrivée du Comte le surprit autant que la présence du calaisien surprit le cambrésien.

Bonjour je suis le comte de Ponthieu dit Luzifer II.

Evidemment qu’il était le Comte de Ponthieu. Ce n’est pas comme s’ils ne s’étaient jamais croisés. Pas en de telles circonstances, naturellement, mais tout de même.
Pensant qu’il s’agissait d’un protocole cambrésien particulier, le jeune homme se plia à la tradition.

Bonjour Votre Grandeur. Je suis Klovis de Keel… Il avait faillit rajouter l’éternel « calaisien de sang et d’Esprit », mais en ces terres cambrésiennes, il était des choses à ne pas trop étaler.

Après avoir écouté Klovis, le comte de Ponthieu laissa place à un long moment de silence.
Un petit sourire apparut sur le visage du comte.


Si ma tante le souhaite, vous avez la bénédiction des Ponthieu.
Faite bon usage de ma tante , il serait temps qu’elle vive sa vie.

Luzi en profita pour embraser malignia,puis se tourna vers Klovis.

Bon on fête cela?

Tout avait été orchestré avec soin par sa chipie de filleule, quel autre terme pouvait à ce moment là mieux définir Malignia?
Le majordome, se garda bien d'entrer, il lui ouvrit la porte et s'effaça permettant ainsi à tous de bénéficier de la tête de la pauvre victime.

Il fut un temps où la jeune femme refusait d'écouter son coeur, un temps où elle maitrisait la moindre de ses émotions, où même le sourire n'éclairait plus son visage. Mais le destin la rattrapa, sous la forme d'une grosse boule de poil baveuse affamée, attirée par un panier de pique nique et un magnifique et succulent saucisson.
L'association entre la boule de poil et le changement radical qui c'est opéré depuis chez la jeune femme n'est peut-être pas évident au premier coup d'oeil. Mais le lecteur avertit lui comprendra sans plus de détail l'étrange chemin qu'avait du prendre cupidon pour parvenir à ses fins et la rendre enfin sensible à ses flèches.

La première chose ou plutôt personne que Niria vit, fut évidemment celui que son coeur chérissait. Et si ce n'est pas clair pour le lecteur débutant car elle aimait les deux personnes présentes, les autres auront compris qu'elle n'avait d'yeux que pour le bô mat'lot qui se tenait à côté de son neveu.
Là de suite, réflexe conditionné devant une situation qu'elle ne comprenait pas, ce temps où elle maîtrisait la moindre émotion tenta de refaire surface pour essayer vainement de masquer son étonnement de le trouver ici. Ainsi que les sentiments qu'il lui inspirait et se lisaient dans le regard qu'elle lui adressait, comme le nez au milieu de la figure. Tout comme dans ce sourire qu'elle ne réservait qu'à lui et qui avait tenté une sortie en douce mais très vite contenu.

La seconde chose fut l'absence de sa filleule, c'était elle pourtant qui avait lancé l'invitation, elle ne devait sans pas être loin.

Surprise elle l'était et pas qu'un peu, sans voix aussi et le souffle coupé. Son esprit tentait vainement d'analyser la situation qui faisait que Klovis était là pour discuter d'un sujet important touchant la famille...
Lui qui était censé être sur son bateau, qui devait arriver le jour même au port et qu'elle attendait avec l'impatience caractéristique d'une femme amoureuse.
Quel sujet important, concernant la famille de surcroit, requérait la présence de Klovis. Sa raison n'arrivait pas à entendre raison alors que son coeur lui, sûrement du à la présence de son bien aimé, battait la chamade.

C'est donc dissimulant au mieux ce qui était visible comme un phare il y a quelques secondes que la jeune femme rejoignit les deux hommes d'un pas il faut bien l'avouer mal assuré.
Elle les salua et les embrassa affectueusement terminant par Klovis qu'elle questionna discrètement du regard, tentant de deviner ce qui se passait.

Intriguée, ses angoisses précédentes rassurée par le sourire de son neveu, elle se jeta à l'eau, non sans avoir prit garde de ne pas trop s'éloigner de Klovis l'air de rien, distance maximale de sécurité oblige. Déjà qu'elle doit réfréner l'envie de lui sauter au cou et de l'embrasser à cause de la présence d'un intru, elle n'allait tout de même pas s'éloigner de lui plus que de raison!

Où est Malignia?Que se passe-t-il? Ya -t-il un souci?

Questions courtes, peu développées mais allez savoir pourquoi elle avait du mal à réfléchir.